"Un accident démocratique": retour sur la victoire surprise du Front National il y a 30 ans à Toulon

Ceux qui l’ont côtoyé, comme son ancien adjoint Didier Gestat de Garambé, décrivent volontiers "un homme rond, affable, cultivé, qui aimait la galéjade". Un homme rompu au plaisir de la conversation, qui apprécie un bon cigare en fin de repas. Mais d’après l’ex-élu aux affaires juridiques, Jean-Marie Le Chevallier "n’était clairement pas assez travailleur pour la fonction de maire…"
Passé d’abord chez les Giscardiens (les Républicains indépendants), Jean-Marie Le Chevallier avait pourtant roulé sa bosse en politique quand il est arrivé au pied du Faron. C’est sa relation amicale avec Jean-Marie Le Pen - il l’avait hébergé en 1976, au lendemain de l’attentat qui détruisit son domicile parisien - qui finira par le conduire au Front national.
"Le véritable patron, c’était Poulet-Dachary"Élu député européen en 1984, l’homme s’est installé à Toulon en 1989, date à laquelle il échouera une première fois au scrutin municipal. Avant son improbable succès de 1995; sa femme Cendrine, qu’il appelle "Petit cœur", élue omniprésente à ses côtés. "Le problème, c’est que cette ville ne l’a jamais passionné", confie Dominique Michel, un autre de ses anciens adjoints. "Il n’aurait pas dû être maire, mais Jean-Marie Le Pen avait voulu le récompenser. Le véritable patron de la liste, c’était Jean-Claude Poulet-Dachary".
À propos de Jean-Marie Le Chevallier, le journaliste José Lenzini a des mots plus durs encore, affirmant qu’il était "tout le temps saoul.". Son ex-confrère à Var-matin, Jean-Pierre Bonicco, rappelle qu’il était surnommé "Whisky-Temesta", pour sa propension supposée à avaler alcools et tranquillisants! "S'il me fallait définir Le Chevallier, je dirais que son meilleur coup a été de faire croire aux Toulonnais qu'il existait".
Un échec cuisant en 2001Malgré sa bonhomie, le natif des Hauts-de-Seine ne parviendra jamais à faire bloc derrière lui et à poser sa patte sur la ville, comme les autres maires de la capitale du Var. En 1999, en désaccord avec Jean-Marie Le Pen, il claquera la porte du FN et finira le mandat isolé. "Ce n’était sans doute pas l’homme de la situation" concède aujourd’hui Amaury Navarranne, élu du Rassemblement national.
Après un échec cuisant aux élections de 2001 (7,8% des voix), Jean-Marie Le Chevallier quittera Toulon et la politique pour s’installer à Marrakech. Il est mort le 30 octobre 2020 à l’âge de 83 ans.
Var-Matin